TOUS AU PARADIS – LES HUMAINS

L’épisode précédent est par ici 😊.

La discorde angélique menace maintenant de faire rage. Samaelle s’ennuie toujours autant, voire plus. Azraël ne supporte toujours pas plus la solitude, voire moins. La veille, Samaelle est entrée dans une colère noire lorsque Azraël a insisté plus qu’à l’accoutumer pour qu’elle reste éveillée, alors qu’elle souhaitait dormir. C’est Jophiel, le vertueux, qui les a séparés. Il a ensuite apaisé sa sœur jusqu’à ce que ses yeux se ferment et son esprit s’envole vers un monde onirique. Puis il a tenu compagnie à Azraël.

Dieu a assisté à la chamaillerie sans piper mot. Il réfléchissait. Il a remarqué qu’il devait de plus en plus souvent intervenir en faveur de Samaelle et qu’Azraël insistait de plus en plus pour qu’elle reste éveillée. Leurs frères et sœurs ne supportant plus ni l’un ni l’autre, Azraël peinait chaque fois à trouver un ou une remplaçante. Il est même arrivé à Dieu lui-même d’attendre l’éveil de Samaelle en compagnie d’Azraël.

— Azraël, mon enfant, que penserais-tu si je créais un être qui dormirait autant que Samaelle, mais sur un autre créneau horaire.

— Vous voulez créer une autre Samaelle ? Je ne suis pas sûr que cette idée la réjouisse… encore moins nos frères et sœurs.

— Pas une copie de Samaelle, non. Notre Samaelle est unique. Un autre genre de vie. Un être ignorant des antécédents de Samaelle et qui, de ce fait, ne t’assimilerait pas à ses blagues.

— Je les trouve amusantes, moi, ses blagues. Mes frères et sœurs n’ont aucun sens de l’humour.

— Il est vrai que Samaelle redouble d’inventivité quand il s’agit de casser la monotonie de la Cité d’Argent, pourtant adorée par tes frères et sœurs.

» Honnêtement… moi aussi je m’ennuierais si Samaelle affectionnait la paix éternelle autant que les autres anges.

— Et votre être nouveau, il serait comment ?

— Il serait doués de parole. Vous pourriez ainsi deviser en l’absence de Samaelle.

— Ma foi… Si vous créez des êtres capables de discuter avec moi, le temps que Samaelle se réveille, j’arrêterai de l’ennuyer lorsqu’elle s’en ira.

 

Ainsi, Dieu créa l’homme.

 

À son réveil, Samaelle découvre un être sur deux pattes. Il possède une tête ornée de cheveux, de deux yeux, d’un nez, d’une bouche et de deux oreilles. Puis suivent un cou, des épaules, des bras, des mains, un torse, un bassin, un appareil reproducteur, deux jambes et deux pieds.

— Bonjour, Samaelle, la salue Dieu.

— Qu’est-ce que c’est ? demande-t-elle, intriguée.

— L’être qui te remplacera auprès d’Azraël quand tu dormiras. Il l’a appelé Adam.

» Je sens que tu souhaites me poser une question.

— Si tu souhaitais occuper Azraël avec un animal, pourquoi en avoir créé un nouveau ? Il y en a déjà pas mal.

— C’est vrai. Seulement aucun n’était doté de parole. Tu remarqueras aussi qu’il se laisse bien plus facilement approcher.

— Tu lui as créé un animal de compagnie ?

— En quelques sortes.

— Où est sa femelle ? Tu l’as doté d’un appareil reproducteur, comme tous les autres animaux. Sans femelle, il va vite se sentir frustré.

— Tu vois, Samaelle, c’est pour ça que j’aime converser avec toi.

Dieu attrape Adam. L’être, docile, se laisse manipuler. Samaelle le trouve presque ennuyant. Dieu pose sa main sur le torse d’Adam et en extrait une côte. Il le repose sur le sol et ferme son poing.

Deux secondes plus tard, il présente ce même poing à Adam, qui l’examine, curieux. Dieu déplie ses doigts et apparaît une femme. Celle-ci s’étire, comme sortie d’une longue nuit de sommeil.

— Comment souhaites-tu l’appeler ? demande-t-il à Samaelle.

— Eve ! répond-elle, naturellement. Comme ça Azraël pourra discuter avec Adam et Eve quand je dormirai et… ils s’occuperont ensemble quand Azraël et moi taquinerons nos frères et sœurs.

— Tu sais… si l’envie te prenait d’occuper certaines de tes journées avec ces êtres plutôt qu’avec tes frères et sœurs, peut-être ceux-ci t’en seraient reconnaissants et la Cité d’Argent pourrait retrouver un peu plus de quiétude.

— OK. Mais à une seule condition.

— Laquelle ?

— Je veux que tu leur offres le pommier de maman pour abri.

— Ta mère n’aimes pas qu’on touche à ses fruits !

— Interdis-leur d’y toucher. S’ils sont aussi dociles que tu le prétends et que tu réponds à tous leurs besoins, pourquoi iraient-ils convoiter la propriété de notre mère à tous alors qu’ils sont sensés la préserver ?

Dieu réfléchit. Samaelle a une idée derrière la tête, il le sait. Comme Dieu est joueur et qu’il adore les farces de sa fille, il obtempère.

Ainsi Dieu créa les humains.

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