Soleil de Yokomitsu RIICHI

Le retour de lecture précédent est ici

Bonjour à tou.te.s 🙂,

Petit retour en arrière

Quand j’ai décidé de proposer des retours de lecture, je me suis demandé si c’était très raisonnable. Il m’arrive de connaître des périodes où je lis peu (voire pas)… trop épuisée par mon gagne-pain (n’oublions pas que je souffre de fatigue chronique idiopathique, qui somme toute est due à mon hyper sensibilité… bref quand les médecins sauront de quoi ils causent sur ce sujet, je serai curieuse d’entendre leur nouvel avis). Je suis aussi très difficile question lecture (comment ça pas besoin d’ajouter question lecture ? Nan mais !). Il m’arrive de lire 10 livres que je n’apprécie pas plus que ça, pour un que j’aime bien. Et je préfère éviter le ratio avec ceux que j’adore. Quoique… ces derniers jours… 🤩

Bref ! Je m’égare. N’ayant nullement envie de jouer à l’inquisitrice du livre, je m’étais résolu à n’aborder que ceux dont je pouvais dire du bien. Je lis assez et suis assez optimiste (Si ! Ça suffit maintenant ! Mais euh ! 🥺) pour trouver du positif même quand je n’ai pas plus aimé l’œuvre que ça. Et au pire du pire, si je n’ai vraiment pas accroché, je n’en parle tout simplement pas. C’est comme ça, que sont nées les autres chroniques de mon site. Pour les semaines où je n’aurai pas d’ouvrage apprécié à présenter.

Avec ce roman, je déroge à la règle pour une raison toute bête : ils ont osé comparer cette m… chose à du Miyazaki et je ne peux tolérer telle infamie !

Couverture du livre

L’histoire (sans spoiler)

La princesse Himiko – du pays d’Umi –, belle comme la rosée du matin au lever du soleil, doit épouser son prince Hiko No Ôe, qu’elle aime de tout son cœur (jusque-là, c’est de la romance, mais ça ne dure pas longtemps). Un soir alors qu’ils se comptent fleurette, un mendiant réclame à manger. La princesse constatant sa maigreur l’amène au temple pour qu’un moine le nourrisse. Là, un militaire passe et reconnaissant Nagara (non, je n’ai pas oublié le « i »), le fils du roi du pays d’à côté – le pays de Na (je tiens à préciser que ce n’est pas moi qui invente les noms) –, il tente de le tuer. La princesse s’interpose et le prince (Nagara… pas Hiko No Ôe) s’en retourne chez lui.

Mais voilà, ce monsieur est tombé amoureux de la beauté de la princesse. Je parle bien de tomber amoureux de sa beauté, parce qu’il n’est question que de cette fichue beauté tout le long de l’histoire (heureusement qu’elle ne dure que 95 pages).

S’ensuit une boucherie… pardon je veux dire « guerre »… des plus sanglantes, entre trois pays. Je vous passe les détails. Au lieu de ça, j’ai préféré vous relever deux extraits (je n’en ajoute pas… parce qu’à mon avis, ceux-ci sont largement suffisants) pour annoncer le style du livre :

« Nagara, regarde, les femmes du pays de Na sont belles ! » Le souverain-des-hommes* montrait du doigt les femmes en train de danser « Je vais te donner une épouse. Toi cherche une femme que tu aimes. »

Depuis qu’il avait perdu sa grande-épouse, la principale consolation du souverain-des-hommes, père de Nagara, était d’oganiser des banquets. Il avait en effet alors le droit de choisir parmi les femmes qui dansaient devant lui le corps qu’il désirait pour une nuit de débauche. Ainsi, en les multipliant, il arrivait d’ordinaire à débusquer de la chair fraîche pour un soir. Maintenant encore, de dessous la tour de guet, il avait porté les yeux sur deux femmes.

Extrait n°1*ça veut dire Roi.

On posa un grand brûle-parfum peint de motifs de chèvrefeuille au milieu de la grand-salle. En son centre, sur la cendre jaunie d’une poudre de coques de châtaignes d’eau brûlée, on alluma un empilement de branches de cerisier et d’omoplates de cerfs. Le maître des sorts dansa une danse au milieu de l’épaisse fumée qui en sortait, tenant d’une main un bâton-joyau, de l’autre une épée nue. Puis il contempla fixement les motifs de parfum, mais alors qu’il allait transmettre les paroles oraculaires, Nagara déboula brusquement vers lui comme un oiseau en plein vol. il arracha l’épée au maître des sorts, et redescendit en courant au beau milieu du jardin rempli de lespédèzes en fleur. Puis il aperçut une biche qui venait de dénicher un crapaud, lui trancha la tête d’un coup et se retourna vers le maître des sorts.

Extrait n°2(Il n’avait aucune raison de tuer cette pauvre bête ! 🤬)

Et là, je me fâche. Surtout que ce sont des extraits softs comparé à ce que j’ai pu lire plus loin.

Japonais ne veut pas forcément dire « comme Miyazaki »

Ce livre est d’un cliché affligeant. Bon… d’accord… il a été écrit au début du 20e siècle sur l’époque féodale japonaise (il romance l’idée que l’auteur s’est faite de la vie d’une vraie princesse régente… qui a vraiment existé). Pour la petite anecdote, je l’ai lu comme une satire du patriarcat pour pouvoir le terminer. Sans vous révéler l’histoire, je peux vous la résumer en une phrase :

Les femmes sont des corps à idolâtrer ou repousser et les hommes sont des idiots sanguinaires incapables de réfléchir dès qu’une belle plante se présente à eux.

J’aimerais que la réalité soit si simple, mais même si pas mal de mecs bavent au contact d’une jolie nana, ils ne vont pas jusqu’à s’entretuer pour un sourire. Ce serait excessif. C’est pourquoi je l’aborde comme une critique du patriarcat voulant l’homme dominateur et bagarreur et réduisant les femmes à l’état d’objet à afficher comme un trophée.

Sauf qu’il est quand même basé sur l’existence d’une réelle princesse régnant sur une grande partie du Japon à l’époque féodale. Je doute qu’elle y soit parvenue en s’appuyant uniquement sur sa grande beauté. Mais ce n’est que mon avis.

C’est pourquoi j’en viens à la question : comment a-t-on pu comparer ça à du Miyazaki ??? Même si Princesse Monoké ou Pompoko (les seuls films des studios Ghibli que je ne peux revoir tant ils m’ont choquée) sont d’une violence étonnante quand on connaît l’œuvre de Miyazaki, celle-ci ne m’a pas autant écœurée que la violence de ce livre. Les films de Miyazaki revêtent une dimension spirituelle que ce livre est loin, mais loin, de ne serait-ce qu’effleurer. N’oublions pas que les œuvres de Miyazaki (pour beaucoup) mettent la nature et les esprits à l’honneur. Pas la violence gratuite (qu’elles condamnent, justement) ni les apparences.

Ce n’est pas parce qu’une œuvre est japonaise, qu’il faut systématiquement l’associer à ce grand artiste. Je sais que son nom fait vendre. Je sais que je suis naïve… mais quand même ! Chaque fois qu’on a associé la création d’un.e autre à son nom, j’ai été 😡🤬.

Je déteste le style poétique

À la lecture de ce torchon, je peux le dire : je déteste le style poétique. Ce que j’aime dans un roman, c’est mon fondre dans l’histoire et vivre leurs aventures avec les personnages. Alors quand l’un d’entre eux croise une magnifique créature à la robe noire et aux pupilles étincelantes d’une intelligence maligne, j’ai du mal comprendre qu’il ne s’agit que d’un chat noir. Ce genre de phrasées a le don de me perdre. Si je dois relire la description de la chose trois fois avant de comprendre de quoi il en retourne, comment puis-je m’imprégner de l’histoire ? Et donc, comment puis-je m’approprier ses aventures ? Si je ne pipe rien à ce que je suis sensée voir ou entendre, mon obscure aventure va plutôt me donner envier d’aller dormir.

(Pour info : la métaphore vient de ma propre imagination. Aucun chat, d’aucune couleur n’a été aperçu dans ce roman… ou alors je n’ai pas compris l’image qui le décrivait 😅).

 

Ma conclusion

Je déconseille fortement à quiconque désirant éviter de perdre son temps de lire Soleil. Il est prévisible, stéréotypé et gratuitement violent. Aucune morale ne sera proposée si vous ne vous l’inventez pas vous-même, pour donner de la contenance à ces pages noircies pour rien.

Le seul point positif que je lui ai trouvé, c’est qu’il confirme que je suis hermétique à la poésie (dans la plume comme dans les vers).

 

Bonne semaine et bonne.s lecture.s (écoute.s) 😘

 

PS : Comme il faut deux tu l’auras pour un tiens, voici le deuxième tu l’auras dans le ⛔💩 :

Couverture du livre

N’entrez en possession de ce livre que si vous aimez les dessins (que je trouve très beaux soit dit en passant). Pour le reste, pas la peine de développer, c’est aussi cliché (sans la violence) que le précédent.

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