Complètement cramé ! de Gilles LEGARDINIER

Le retour de lecture précédent est ici

Bonjour à tou.te.s 🙂,

Je l’avoue, j’ai honte… quand j’ai eu fini ce petit bijou, je n’avais qu’une envie : en transmettre un retour. C’était il y a un mois. Depuis, j’ai écrit d’autres choses, lu d’autres livres et, comme à mon habitude, j’ai oublié les noms des personnages… même si l’histoire est toujours là.

Bref… je vais chercher deux minutes sur le net le temps de retrouver mes petits, car aujourd’hui, je propose mon retour sur « Complètement cramé » de Gilles LEGARDINER.

Couverture du livre

L’histoire (sans spoiler)

Tout commence quand Richard Ward, un vieil ami d’Andrew Blake, insiste pour que ce dernier vienne chercher une récompense qu’il a gagnée. Comme Andrew l’avait prévenu qu’il n’était pas intéressé quand son ami l’a inscrit, il refuse de se déplacer.

Ainsi débute ce roman. J’avoue… à ce moment-là, j’ai hésité à le terminer. On me l’avait vendu comme un livre poilant et je me retrouvais face à une discussion dont je sentais le trait forcé. Si c’est ce genre de blagues que l’auteur veut drôles, mais qui n’esquissent même pas l’ombre d’un sourire sur mon visage, je sens que je vais m’agacer ! fut la pensée qui m’a traversé l’esprit durant ces trois premières feuilles.

Heureusement ! Je lis (presque) toujours les cinquante premières pages d’un ouvrage avant de me forger un avis. Je me connais. Quand j’entame un bouquin, je suis chafouine. Je trouve toujours que l’histoire tarde à arriver, parce que l’auteur a besoin (je confirme : c’est un besoin) de planter le décor. Sauf que la patience n’est pas mon fort. Ou l’intrigue commence trop hâtivement et il me manque le décor pour me fondre dedans. Oui… j’aime mon confort.

Bref ! En général au bout de cinquante pages, je sais si c’est le récit, la plume ou simplement la découverte d’un monde inconnu que je voudrais déjà maîtriser qui émoustille ma bougonnerie. En l’occurrence, c’était l’impatience. Je venais de m’enquiller les trois tomes d’une trilogie que je n’avais pas aimées. J’avais tellement envie d’une histoire plaisante que je refusais d’être déçue.

Bingo !

Notre ami Andrew s’ennuie et s’enlise dans son quotidien de chef d’entreprise qu’une filiale veut racheter (ou un truc dans le genre… en tous cas, y a un gars qui a les dents longues). Andrew veut ressentir les émois d’une dernière aventure du haut de ses soixante ans (ou un peu plus, c’est un sexagénaire).

Richard lui a donc trouvé un boulot de Majordome. En France. Le pays de sa défunte épouse. Ni une ni deux, notre ami Andrew promeut son assistante au rôle de directrice de l’entreprise (et oui, il est comme ça m’sieur Blake ! Son assistante lui a prouvé à maintes reprises qu’elle était capable de gérer, alors il va l’obliger à croire en elle et en ses capacités).

Arrivé au domaine de Beauvillier, il est accueilli par Odile, la cuisinière, qui le houspille parce qu’il se présente à elle avec plusieurs heures de retard. Et c’est sûr que pour un majordome, ça craint ! Il fait ensuite la connaissance de Nathalie la propriétaire du domaine.

Cette femme m’a rappelé une ancienne cheffe que j’ai fuie. Incapable de lâcher prise, incapable de voir l’évidence tellement elle se camouflait derrière les inepties qu’elle voulait réelles. Je suis impressionnée par cette capacité de déformer la réalité pour qu’elle colle à ce que voudrait la personne. Je ne sais pas trop à quoi ça sert, parce que cette même réalité nous rattrape toujours… mais quand on souhaite vivre de la vente de ses livres, voir l’imagination dont certain.e.s sont capables pour ça, ça peut rendre jalou.x.se 😅.

Par la suite, Andrew rencontre Manon, employée de ménage à temps partiel, histoire d’arrondir ses fins de mois avant de devenir institutrice (ou prof… un doute m’assaille), amoureuse de son julot, Philippe le régisseur qui tente de sortir un ado de sa misère scolaire et enfin le meilleur d’entre tous : Mephisto, le chat d’Odile.

Plusieurs petites aventures et mésaventures leur arrivent et j’ai ri pour chacune. J’ai aussi versé ma petite larme à un moment… parce que je suis sensible. Chaque fois, Andrew partage avec ses acolytes les leçons que la vie lui a enseignées, alors qu’il rencontrait cas similaire (ou presque) dans son jeune temps.

Manon lui répète d’ailleurs tout le long : « Tu parles comme un livre. »

J’ai apprécié qu’au fur et à mesure, on découvre la vie, la sensibilité et les blessures de chaque personnage (même le héros). J’aurais voulu comparer ce livre à Downton Abbey. On m’a posé la question à plusieurs reprises quand on me demandait ce que je lisais. Seulement, les deux n’ont rien à voir. Pour info, j’ai adoré les deux.

Un autre aspect m’a plu (pourtant risqué à mon sens) : la comparaison régulière entre la France et l’Angleterre. Deux choses me reviennent en mémoire.

La première est une discussion sur la place du vouvoiement et du respect. Si le régisseur se targue de l’existence du vouvoiement en France qui marque le respect, contrairement à l’Angleterre. Andrew lui s’en étonne. Car il trouve que ce vouvoiement est plutôt empreint de rabaissement et non de respect… et je suis assez d’accord avec lui. Pour moi, le respect s’installe de lui-même. S’il y a besoin de le souligner, c’est qu’il y a une dimension ironique.

La deuxième est l’étonnement d’Andrew Blake en découvrant l’expression « complètement cramé », sensée être très connue dans mon pays natal. Avant ce livre, je ne l’avais jamais entendue. Complètement taré : oui. Complètement cramé : jamais. Comme quoi !

 

Ma conclusion

J’ai passé un très agréable moment en compagnie d’Andrew et de ses comparses – même si la troublante ressemblance entre Nathalie et une connaissance m’a parfois perturbée. Mise à part l’introduction à l’histoire qui sonnait faux à mon sens, je me suis régalée. La plume est fluide et incisive juste comme j’aime (trop point n’en faut). Je présente d’ailleurs mes excuses à mes voisins de train qui m’ont entendu rire une bonne partie des trajets la semaine où j’ai eu Complètement cramé entre les mains. Un petit bijou aussi touchant qu’amusant (rien de tel qu’un bon dosage).

J’ai aussi pris la décision en fermant ce roman de me promener avec des post-it dorénavant, afin de marquer les passages des livres qui m’auront plu. Ça m’évitera de chercher dans mes souvenir et de relater l’idée que je m’en suis faite. Un extrait (court), c’est mieux.

 

Bonne semaine et bonne.s lecture.s (écoute.s) 😘

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