Correction de confrontation par une pro – Suite

Coucou tou.te.s 🙂

Du plus loin que je me souvienne, je suis persuadée que : « ce n’est pas parce que quelque chose me fait peur que je ne le fais pas… sinon je ne ferais rien« . En réalité (la réalité est si souvent complexe 😶), cette affirmation est aussi fausse que juste.

C’est vrai… je ne m’en suis jamais cachée, j’ai peur de tout. J’ai d’ailleurs des problèmes de santé (bénins, mais bien 💩) à cause de ça.

Pour donner un exemple : à l’adolescence, à la fin du mois d’août d’un été – où contrairement à d’habitude, je n’étais pas partie marcher avec mes chiens tous les matins, mais étais restée à la maison (je ne me souviens plus pourquoi… ce que je sais c’est que je n’ai jamais recommencé) – j’ai dû aller acheter des timbres.

Une si longue phrase pour ça !? allez-vous me dire.

Oui… parce que sur le moment, je n’ai pas réussi à mettre un pied dehors.

Ce jour-là, sans crier gare, la terreur de sortir me tétanisait sur le pas de ma porte. J’étais là, debout, les deux pieds dans la maison, ma jambe droite incapable d’obéir à l’ordre de se lever pour poser un premier pied dehors – et la gauche inapte à prendre le relai.

(Sans crier gare est un peu exagéré. Il y a eu des signes avant-coureurs, mais minimes… en tous cas pas assez explicites pour m’alerter.)

Cette fois-là, j’ai appelé une de nos chiennes à la rescousse. Je lui ai passé son collier et y ai attaché sa laisse. Gaiement, elle m’a sortie de la maison – heureuse d’aller se dégourdir la papatte. J’ai été terrifiée tout le long. Depuis, je me force à sortir TOUS LES JOURS de la maison – avant que cette peur soit implacable. Je sens aujourd’hui encore cette phobie qui attend son heure pour revenir.

Mais où est le rapport avec la mise en correction de Confrontation ? allez-vous me demander.

J’ai fini de relire Confrontation cet été, mais la correctrice que j’ai choisie n’avait pas de créneau avant octobre. Ce week-end, je lui ai donc envoyé mon tapuscrit et elle se penche dessus depuis lundi. SAUF QUE de juillet à octobre (même si je me suis attelée à l’Ombre du Roi, le deuxième livre que je veux sortir), j’ai brogé*. Beaucoup. Mes névroses ont fini peu à peu par prendre le dessus.

Tout est peu à peu devenu insupportable à vivre (au quotidien c’est toujours compliqué, mais j’ai senti l’accentuation jusqu’au désir d’en finir avec ces peurs). Mon cœur se serrait davantage, mes muscles se crispaient un peu plus. Migraines, insomnies, cauchemars… crises d’angoisses et pour finir crises de panique. Tous les matins j’ouvre les yeux à 4h, réveillée par un cauchemar (je ne fais plus de concours du cauchemar le plus flippant… je gagne trop souvent). Impossible de me rendormir. D’ailleurs, au coucher, j’ai peur de m’abandonner à la version croquemitaine de Morphée. Je suis terrifiée à l’idée de faire un cauchemar (j’en fais quasiment chaque fois que je ferme les yeux).

Cette nuit, par exemple, j’ai incarné une personne s’étant fait enlever par un tueur récidiviste qui, au début, assassinait devant moi et après m’a ordonné d’égorger sa dernière cible en date. Si je le faisais, j’avais la vie sauve, sinon nous mourions tous les deux. À ce moment-là, je change de personnage. Je deviens la victime. J’ai donc vu le tueur récidiviste se jeter sur moi, le regard empli d’une joie extatique… le tranchant de sa lame visant ma gorge.

Je me suis réveillée en sursaut. Quand on sait que la veille, j’incarnais une scientifique qui préparait la corde pour se pendre parce qu’après avoir créé un médicament, elle s’était fait voler le fruit de son labeur, sans pouvoir le prouver (et je ne parle que de mes deux derniers cauchemars)… on peut comprendre que dormir soit source d’anxiété.

Parce que ce n’est pas comme un film d’horreur qu’on regarde en sécurité dans son canapé. Ces cauchemars, je les vis. Je ressens toutes les émotions en réel.

Tu t’égares ! me dites-vous.

Oui et non.

J’explique l’état d’anxiété permanent ponctué par des crises de paniques (le plus souvent de 4h à 6h du mat) que je vis et vois grandir à mesure que le temps passe parce que : je veux éditer un livre.

N’en croyez rien, l’anxiété que je décris n’est pas celle dû au fait que j’espère gagner ma vie de la vente de mes livres… non ! je n’en suis pas encore là. Pour le moment, mes angoisses et paniques ne sont dues qu’au fait que je mets mon tapuscrit entre les mains d’une correctrice pour le proposer à la diffusion derrière.

Pour mon premier livre, je n’ai aucune autre prétention que d’apprendre les étapes à suivre pour éditer un livre. L’apprentissage de la mise en valeur pour trouver un lectorat est réservé au deuxième livre ! Pour l’heure, il n’est question QUE de soumettre un livre à l’édition.

Si je visais un salaire suffisant pour vivre de la vente d’un seul bouquin, non seulement je serais utopiste, mais en plus… je me clouerais sur place tétanisée par la terreur.

Mais bon sang ! où est le rapport avec ta première phrase ?

C’est vrai !

J’écris depuis que je suis en primaire. Des poèmes, suivis de nouvelles pour en arriver aux romans. J’écris depuis que j’ai neuf ans. Depuis que j’ai neuf ans, le rêve de ma vie est de vivre de la vente de mes créations. Je suis romancière depuis le premier roman que j’ai écrit, écrivaine depuis le premier poème que j’ai composé. Mais vivre de l’écriture… ça fait si peur !

Alors oui, j’ai peur de tout et lorsque je veux faire quelque chose, je suis obligée de lutter contre mes angoisses pour parvenir à mes fins – et c’est épuisant. Mais je me suis rendu compte (ou plutôt, j’ai enfin fini par admettre) qu’il y a des peurs qui ont raison de moi. Comme vivre de la vente de mes livres.

J’ai repoussé cette tentative encore et encore, trouvant des excuses – plus ou moins farfelues – pour éviter de me lancer, parce que « écrivain c’est pas un métier ! » et j’en passe et des meilleures. Alors que, si je devais être honnête, la seule qui me retenait était la peur – panique. La peur du jugement d’abord… j’ai beaucoup travaillé dessus et normalement 🤞 je devrais à peu près réussir à gérer (j’espère). La peur de l’échec… mais c’est en restant dans mon coin que je connaîtrais mon échec le plus cuisant. Et enfin la peur de l’inconnu.e. Je mets un « .e » à la fin, parce que j’ai autant peur de l’inconnu dans le sens où je m’oriente vers une aventure dont je ne connais strictement rien (je n’ai donc rien à quoi me raccrocher), mais aussi l’inconnue qui vit à l’intérieur de moi et que je vais découvrir en menant cette aventure.

Alors oui ! je me pose beaucoup de questions… trop pour mes proches. En même temps, ce sont elles qui s’invitent et pas l’inverse.

En attendant, je suis fière de moi, parce que malgré ce bordel qui tourne dans ma tête, hier je l’ai fait ! Hier j’ai envoyé mon tapuscrit à la correction. J’ai donc franchi une étape à laquelle jamais encore je n’avais osé ne serait-ce que songer. Aujourd’hui je peux dire : ce n’est pas parce que j’ai peur, que je ne l’ai pas fait… alors pourvu que ça dure !

Je vous tiendrai au courant. Mais une chose est sûre, ce ne sera que lorsque je serai allée jusqu’au bout de mon rêve que je m’autoriserai de nouveau cette phrase : « ce n’est pas parce que quelque chose me fait peur que je ne le fais pas… sinon je ne ferais rien« .

Bonne semaine à tou.te.s et prenez soin de vous 🙂.

 

* NB : broger semble être un verbe de chez moi… enfin… d’après Wikipédia et le fait que le Larousse ne le connaisse pas. Donc broger signifie : penser à l’excès en broyant du noir. Wikipédia donne en synonyme gamberger… je suis à moitié d’accord, parce que – à mon sens – le mot « broger » a une dimension sombre bien plus forte que « gamberger ».

 

Laissez un commentaire